Extrait de l’article de presse 08/2018
WHERE et HERE, sacrées belles lettres (de noblesse ?) pour Terre et Métal. L’atelier labellisé artisanat d’art, installé dans d’anciens entrepôts frigorifiques de la Presqu’île, à Mondeville, a été choisi par la galerie parisienne Loevenbruck, qui gère l’œuvre de Jean Dupuy, pour réaliser une version de cette sculpture monumentale. Commandée par un client américain, les lettres ont quitté l’atelier vendredi 3 août 2018.
L’histoire
« On ne les connaissait pas, ils nous ont contactés après avoir vu notre travail ». Frédérique Kaminski, à la tête de l’entreprise spécialisée dans la fabrication et la création de mobiliers en acier, créée avec Philippe Tessier, est ravie du travail que leur a confié la galerie parisienne Loevenbruck, qui gère l’œuvre de l’artiste français Jean Dupuy. « On était en concurrence avec d’autres fabricants… Mais j’imagine que la qualité de notre travail a fait la différence ! »
Depuis la mi-juin 2018, cinq employés de l’entreprise mondevillaise ont été mobilisés sur cette commande : neuf lettres, qui constituent la sculpture WHERE et HERE , à fabriquer à partir de plaques d’acier découpées au laser. « Le cahier des charges étaient hyper rigoureux, avec des plans à suivre au millimètre près. Ce n’est ni une copie, ni une reproduction, mais bien une œuvre originale », souligne Frédérique Kaminski
Si vous êtes un habitué du jardin des Tuileries à Paris, vous avez peut-être déjà croisé l’une des deux autres versions de WHERE et HERE : l’œuvre y a été présentée en 2013 à l’occasion de la FIAC (Foire internationale d’art contemporain). Dans ces lettres, dont les dessins datent des années 1970, Jean Dupuy, qualifié par certains « d’artiste indomptable », a exploité l’un de ses thèmes de prédilection : la désorientation. Une sculpture à la fois point de repère (« here », ici) et interrogation (« where », où ?).
L’emploi de cet acier Corten n’est pas anodin : composé d’éléments tels que le phosphore, le cuivre, le chrome ou encore le nickel, « cet acier ne se transpercera jamais », prévoit Philippe Tessier. Il coûte quatre fois plus cher qu’un acier classique, « mais dans cent ans, il n’aura pas bougé. » En revanche, la couche de rouille, et donc ses couleurs et ses nuances, va évoluer. « On a mouillé les lettres avant de les charger dans le conteneur, que l’on a lui aussi mouillé. » Ainsi, pendant les trois semaines de navigation, ajoutée à la salinité de l’air en mer, la rouille va encore se transformer. « Et elle continuera de le faire en fonction de la météo et de la lumière. C’est une œuvre évolutive ! »
Parties vendredi 3 août 2018 de Mondeville à destination du Havre, les neuf lettres seront réceptionnées à New York trois semaines plus tard. Elles partiront en camion en direction du Kentucky. « Nous ne savons pas qui est le client à qui est destinée l’œuvre, confient les créateurs de Terre et Métal. Ce qui compte, c’est qu’en réalisant cette sculpture, nous avons été les mains de l’artiste ! »